Dans le cadre de l’édition 2024 de WikiIndaba, à Johannesburg, nous avons assisté à un panel sur le rôle des médias dans l’intégrité de l’information et l’importance de la littératie numérique. Ce thème, aussi crucial que pertinent pour notre communauté, a permis aux participants de débattre des défis et des opportunités liés à la lutte contre la désinformation. Les échanges ont mis en lumière des points essentiels, notamment les initiatives visant à accroître la représentation des femmes dans les contenus en ligne, ainsi que les stratégies pour protéger la vérité à l’ère de la désinformation.
De la représentation des femmes sur Wikipédia et dans les médias
Le panel a débuté par une réflexion sur les disparités persistantes dans la représentation des femmes sur Wikipédia et dans les médias en général. Il a été rappelé que seulement 19 % des biographies sur Wikipédia concernent des femmes et que seulement 14 % des contributeurs sont des femmes, bien que ce chiffre ait légèrement augmenté d’un pourcentage au cours de l’année précédente. Cette réalité reflète les biais structurels présents dans l’ensemble de l’écosystème médiatique.
Les panélistes ont évoqué le cas d’Alice Can Bongo, une bibliothécaire et wikimédienne prolifique, qui s’est engagée dans la rédaction d’articles sur les femmes politiques, soulignant ainsi l’importance d’inclure des sources notables pour garantir une meilleure couverture médiatique des femmes. Grâce à ces initiatives, des progrès significatifs ont été réalisés, notamment au Kenya où une augmentation de 26 % d’articles sur les femmes a été constatée, et au Nigéria avec une hausse de 23 %.
De la littératie numérique et de la protection contre la désinformation
Un autre sujet central du panel portait sur l’impact des médias et de la littératie numérique dans la lutte contre la désinformation. En 2024, avec le nombre record d’élections à travers le monde, les participants ont souligné l’importance de la collaboration entre les journalistes, les rédacteurs de Wikipédia et les acteurs de la société civile pour vérifier et diffuser des informations exactes. Une formation massive sur le fact-checking a été organisée dans divers pays, permettant ainsi de limiter la désinformation, en particulier lors des élections.
Les panélistes ont rappelé le rôle essentiel des journalistes citoyens dans la transmission d’informations fiables, soulignant que la protection contre la désinformation ne repose pas uniquement sur la rapidité, mais aussi sur la précision. Les exemples d’initiatives à travers l’Afrique, notamment les collaborations entre la société civile et les médias, ont été évoqués pour démontrer l’impact de ces efforts.
Du modèle de transparence et de neutralité par Wikipédia
Les intervenants ont également relevé le rôle crucial de Wikipédia en tant que modèle de transparence et de neutralité dans la diffusion d’informations. Contrairement aux réseaux sociaux, Wikipédia ne personnalise pas le contenu en fonction de l’utilisateur, et il n’y a pas d’algorithmes qui orientent les lecteurs vers certains types d’articles. Cela garantit une égalité d’accès aux informations, que l’on se trouve à Johannesburg, à Abidjan ou à New York.
Les principes de neutralité et de vérifiabilité de Wikipédia, selon lesquels le contenu doit refléter une perspective impartiale et être soutenu par des sources fiables, ont été mentionnés comme des piliers de protection contre les biais et la désinformation. Des études menées par l’université d’Harvard et la revue Nature montrent que, plus un article est édité par plusieurs contributeurs, meilleure est sa qualité, renforçant ainsi l’idée de collaboration dans la rédaction du contenu.
De la monopolisation des plateformes et de la censure numérique
Le panel a aussi abordé le problème croissant de la monopolisation des plateformes numériques et la censure, en particulier en Afrique. Un participant a partagé son inquiétude face à la disparition d’articles sur des plateformes, soulignant l’importance des archives pour préserver l’histoire. Les intervenants ont souligné la nécessité pour l’Afrique de développer ses propres infrastructures d’archivage numérique pour ne pas dépendre uniquement de services externes comme l’Internet Archive basé aux États-Unis.
Cette discussion a en outre touché à la domination des grandes plateformes numériques américaines, telles que YouTube et Twitter, qui contrôlent une partie importante du contenu accessible en ligne. Les intervenants ont appelé à une mobilisation des Africains pour démocratiser ces espaces et promouvoir les récits africains.
De la nécessaire collaboration entre médias traditionnels et numériques
Les panélistes ont souligné la nécessité d’une collaboration renforcée entre les médias traditionnels et les plateformes numériques telles que Wikipédia. En combinant la rigueur journalistique des médias avec les pratiques transparentes et collaboratives des contributeurs Wikimedia, il est possible de lutter plus efficacement contre la désinformation. Le panel a mis en avant l’importance d’une presse libre et la liberté d’expression comme éléments essentiels pour garantir un écosystème médiatique sain.
Ce panel a montré que l’avenir des médias repose sur la collaboration, la transparence et l’engagement citoyen. La lutte contre la désinformation et les biais médiatiques nécessite une action collective, à travers des initiatives telles que celles menées par Wikimedia, les journalistes citoyens et la société civile. La session s’est terminée par un appel à la mobilisation pour garantir une information juste et accessible à tous, en particulier sur le continent africain.
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